Livre à lire : Augustus Carp par Lui-même
- pmartinpsy
- 6 mars 2024
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 7 mars 2024
un livre humoristique qui nous rappelle à l'ordre de notre perversion ordinaire

Samuel Butler dresse dans le roman « Augustus Carp » un portrait insolite de la bêtise, mais surtout de l'hypocrisie. Thème qui serait complètement d’actualité avec les commentaires instagrame ou les vidéo tiktok. Tout le monde est toujours mieux que tout le monde, et nous avons nombre de personne n’hésitant pas à jeter la fameuse première pierre, qui fait référence au dicton chrétien « jette la première pierre celui qui n'a jamais péché ». Nous pouvons suivre les aventures de la vie commune d’un petit-bourgeois pudibond qui se prend pour une personne vertueuse. Il est convaincu d'être appelé par « la Providence tel un chevalier de la morale à pourfendre les mœurs dissolues de ses concitoyens ».
Cependant, Carp est en réalité un don Quichotte grotesque version anglaise. Il est l’héritier d'une bêtise sans commune mesure, qui visiblement vient valider la théorie transgénérationnelle. C’est un personnage hautain et méprisant. Il sait sa supériorité morale et intellectuelle, aucune remise en question. C’est la certitude qui rend son discours aussi fou qu’étouffant. Il se comporte en redresseur de torts, un donneur de leçons, alors même que ses actions sont souvent ridicules et teinté d’hypocrisies.
Ce Roman est d’une extrême actualité, quand on lit les commentaires ou quand on voit les vidéos sur les réseaux sociaux, ou tout le monde condamne tout le monde, au moindre mouvement qui nous rappelle cette intolérable différence. Intolérable différence qui n’est qu’une chose en réalité : « L’Autre ». En psychanalyse nous différencions deux styles d’Autre. « Le petit autre » qui n’est que le reflet de nous-même, celui que l’on tolère, celui que l’on croit comprendre ou pire que l’on sait comprendre, le plus souvent notre famille, amis, nos collègues. Puis il y a l’Autre, le différent celui que l’on ne comprend pas tout simplement parce que son comportement nous rappelle une chose essentielle, c’est que l’Autre est un individu distinctif, et que l’on ne sait jamais ce qu’il a dans la tête ou à l’esprit.
La colère selon Lacan c’est : l’endroit où le savoir est « deçuposé » sur l’Autre, nous serions donc en colère quand le savoir que l’on avait imaginé sur l’Autre vient à être trompé. Nous avions le désir qu’il agisse de telle ou telle manière, et le saligo agit à sa guise, et l’on enrage.
La petite perversion des réseaux sociaux, nous montre des chevaliers de la morale, qui s’imaginent être toujours mieux que l’Autre et savoir ce qui est bien. L’horreur de la phrase que je vais écrire ici vous aidera à méditer votre position sur la question du bien : « hilter voulez le Bien du peuple allemand, et l’on voit ce que ça a donné, à chaque fois que vous croyez bien faire, demandez-vous si vous n’êtes pas plus proche de lui que de quelqu’un qui ferait ce qui est bon »
Comentários