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Les couples et le « ON »

  • Photo du rédacteur: pmartinpsy
    pmartinpsy
  • 12 juin 2024
  • 9 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 juin 2024

Et un peu de tu…

 

J’entends souvent les gens dire « on », mais qui est-ce « on » ? Quand je pose la question l’Autre me répond comme si c’était une évidence « Steve et moi voyons ».


Moi : et Steve, il est au courant que tu as pris une décision sans lui ?

Elle : non ! Mais je le connais…

 




Lacan a dit dans son séminaire du nom de Encore « savoir ce que le partenaire va faire, ce n’est pas une preuve de l’amour ». Il y a quelque chose d’effrayant, je trouve dans l’utilisation du « on », qui est devenu inopportune. Le pronom "on", est un pronom indéfini neutre. Chacun d’entre nous se diluant dans un groupe imaginaire pour ne jamais mettre sa parole en jeu ou « sa livre de chaire ». J’entends beaucoup de couples parler de leur histoire et s’en plaindre. D’ailleurs avec énormément de tristesse, peu de gens me disent « c’est génial depuis que je suis en couple je suis tellement heureux » ou quand ils le font il y a quelque chose qui ment. L’Autre est un calvaire… « mon conjoint est un symptôme, mais je ne peux pas vivre sans… ». Pourquoi ? Voilà une énigme que j’ai mis bien des années à résoudre…


Les débuts

 

La plupart du temps les débuts d’une relation commencent, par la passion. Certes ce n’est pas toujours le cas, mais faisons simple…

 

Le Robert définition de la passion : surtout pluriel État affectif et intellectuel assez puissant pour dominer la vie mentale. Obéir, résister à ses passions, vaincre ses passions. ➙ désir.

 Amour intense. Déclarer sa passion. ➙ flammePassion subite. ➙ coup de foudre.

Dans son sens originel, « En Latin, du verbe pati, qui veut dire « souffrir », a donné le mot passio, « souffrance ». On remarque le même radical que pour le mot grec pathos, de même sens. C’est de passio que vient le mot français passion, qui au début voulait également dire « souffrance ». La passion, c’était la souffrance morale ou la souffrance physique. »


Donc si l’on reprend l’idée, issue du grec "pathos", la passion désignerait la souffrance et l'épreuve. Elle est associée à une emprise puissante sur l’Homme, le submergeant et le dépassant de manière irrationnelle et qui serait lié aux désirs incontrôlables dominant donc la volonté et la raison. Pour Platon, la passion est un obstacle à la connaissance de soi véritable. Elle détourne l'âme du monde des Idées et l'enferme dans le monde sensible.


En somme, la passion, dans sa complexité, a été interprétée de multiples manières par les philosophes dans le temps. Elle est tantôt perçue comme une force destructrice qui entrave la raison et la liberté, tantôt comme une source de créativité et d'accomplissement de soi.


Dans une relation, nous pourrions entrevoir quelque chose d’intéressant. D’abord la rencontre à l’autre serait un moment où les gens se décrivent accomplis dans le sens de complet (le coup de baguette magique, qui nous envoie direct au pays imaginaire). Énormément de personnes d’ailleurs montrent un tout autre visage une fois en couple. Ils vous disent ce qu’ils pensent vraiment, ou encore nous avons tous pu dire ou entendre « dès qu’elle est en couple on la voit plus ». Puis viendrait un second temps, dans le couple toujours, où nous prononçons cette phrase à l’autre « mais je ne te reconnais plus».





La question serait de savoir si vous aviez vraiment pris le temps de connaître cet Autre ? Avez-vous pris le temps, dans la passion, de décrypter les « comme tu veux » ? Cette phrase dite encore et encore, ne vous aurait-elle pas induit en erreur ? N’auriez-vous pas voulu croire qu’à chaque fois que l’autre vous dites « comme tu veux » vous aviez appris à connaître ses goûts ? Quand l’autre répondait à votre interrogation « tu veux manger au Mac Do ce soir ? » - « oui », êtes-vous certain(e)s que vous lui aviez demandé ce que lui voulait manger ? Ou cette question était rhétorique et imposait déjà ce que vous vous désiriez manger. Ici vous pouvez changer manger par "faire" et la déclinaison est infini. D’ailleurs quand la personne vous dit « non », ne vous sentez-vous pas rabroué ? Si c’était une véritable interrogation, alors vous ne ressentiriez rien quand il / elle vous dite : « non ».


Quand la passion prend fin, au bout de plus ou moins trois ans (pourquoi ? Parce qu’il y a le sevrage de l’ocytocine), si vous n’avez pas appris à aimer l’Autre comme un ami véritable alors vous découvrez lentement qui est à côté de vous (eh merde !). Ou pas d’ailleurs ! Il y a un drame qui se prépare ici. Quand vous êtes incapables de vous séparer (un peu tout le monde depuis 50 ans), vous êtes coincé avec un Autre que vous ne connaissez pas et certainement que vous n’aimez pas, et pour enfoncer le clou, que vous n’avez jamais rencontré parce que vous l’avez dissous dans un « on ». Il y a un inconnu dans votre lit ! Et très certainement vous n’avez jamais eu rien envie d’apprendre sur lui/elle.


La croyance dans le couple


Dans un premier temps le « on » est un « favorisateur » (néologisme) de la croyance dans l’amour et le couple. Il est la naissance de quelque chose de nouveau auquel il faut croire pour que cela existe. Le signifiant de couple, après tout, n’est qu’un mot. Et si vous ne croyez pas en ce mot rien ne pourra le faire vivre pour vous. Comme toute croyance, ou religion, il y a ceux qui sont plus fidèles que d’autres, il y a même des orthodoxes. L’orthodoxie exige que l’on se plie à la règle, ici de ce que serait l’amour, et certains se tyrannisent plus que d’autres. Dans les guerres de Religion nous le voyons bien que chacun s’imagine souvent mieux comprendre que l’autre, quoi ? On ne sait pas vraiment mais ils restent persuadés qu’ils ont compris.


Le couple et le « on », permettent d’imaginer que nous avons le même désir, que nous sommes sur la même longueur d’onde, ou comme nous entendons aujourd’hui que nous sommes connectés. Et c’est la base, je vous dirai même, la base la plus saine. Parce que vous pouvez aussi partager un symptôme ou une jouissance, et là c’est « grave pourri ». Puis viendra avec le temps qui passe une seconde étape, un temps de désintoxication. Ce second temps, apparaît quand l’autre (ou nous) commence à exiger soit de maintenir le rythme soit de le rompre :

  • Si c’est l’autre qui utilise le « on intempestif », alors c’est vous qui êtes en train de rompre la dynamique du "on". Vous commencez à vous noyer doucement et vous avez besoin de reprendre de l’air, de la distance, vos activités en somme, revoir vos amis. Cependant, il faut aussi chercher dans notre propre discours le « on ». Celui qui cache que nous aussi nous avons fait partie de la supercherie pour attraper l’autre. Ou pire que nous l’entretenons.

  • Si c’est vous qui vous rendez compte que vous l’utilisez, de manière intempestive, c’est certainement que vous venez de sentir qu’il y a eu une secousse dans le train, le voyage a arrêté d’être tranquille, l’autre commence à se détacher. Il y a quelque chose d’insupportable (ici nous traitons que de la variante pathologique). Et d’un seul coup, vous commencez à dire « on va faire ça ou on va partir là ». Pire vous entendez que vous l’avez toujours dit, parce qu’en entrant en relation il y a eu un sentiment de complétude (rappelez-vous le coup de baguette magique).


Note : je dis souvent que la séparation est symbolique, cela veut dire qu’elle n’est pas « réelle ». Dans le sens où il faudrait faire la distinction entre séparation vs quitter. La séparation est quelque chose que l’on doit intérioriser dans notre vie quotidienne pour surmonter l’épreuve de la rencontre à l’Autre. Pas l’autre imaginaire du « on », mais le vrai, celui qui nous surprend. En gros, c’est supporter qu’il ou elle ait des amis, des activités, en dehors du couple. Ou encore que ne pas être du même avis, et que cela ne change rien à la relation. À une époque cela venait prendre le sens « pour le meilleur et SURTOUT pour le pire ». Le pire souvent dans une relation c’est de ne pas être du même avis, et ne pouvant se séparer l’un ou l’autre fait une concession au lieu de trouver un compromis ou même la force de dire "je ne suis pas d’accord". Un exemple que j’entends souvent, plus du côté des femmes, c’est « je le vois bien regarder d’autres femmes, il va me quitter ». Le regard n’étant plus tourné vers elle, provoque déjà quelque chose de l’angoisse de séparation, comme si son conjoint/ mari / petit-ami ne devait avoir d’yeux que pour elle. La parole est tellement remise en question de nos jours et nous sommes tellement dans la surconsommation de tout, que nous n’admettons même plus que le regard se tourne vers quelqu’un d’autre.

Le troisième temps, c’est un temps triple 


  • Soit vous êtes intoxiqué et donc malade,

  • Soit vous avez surmonté la problématique et félicitations vous êtes amoureux,

  • Et dans le troisième cas vous avez déjà rompu.


Vous êtes intoxiqué, l’autre est devenu votre drogue, sa présence ou peut-être même sa rencontre a provoqué quelque chose en vous. Souvent le réveil d’une faille dans l’histoire et quelque chose a commencé à se rejouer à votre insu, et il est déjà trop tard pour le comprendre. Le système psychique (de la névrose) est comme un disque vinyle rayé, il saute sur le même mot encore et encore sans que vous ne pussiez rien y faire. La présence de l’autre est devenue vitale. Il ne peut pas s’absenter sans que vous ressentiez une souffrance, une déchirure dans cette complétude.



Certains à l’inverse, quand l’autre est trop présent, ressentent comme une overdose, un dégoût. Il faut qu’il parte, ni trop loin ni trop longtemps d’ailleurs. Ça dépend de notre manière de consommer. Il y a toujours plusieurs types de drogués. Eh oui ! Vous êtes accros et l’autre vous rappelle avec brutalité, l’impossible de la complétude. Il ne fait que partir, c'est à dire qu'il ne réagit pas comme vous le souhaitez. Et c’est atroce ! Vous découvrez dans une certaine souffrance que ça ne fonctionne pas, ou qu’il y a quelque chose qui rate. La complétude ne peut pas avoir lieu et donc vous manquerez toujours de quelque chose ( Y a de quoi avoir la haine bordel !).


En revanche voilà ce qu’il se passe le plus souvent, ne pouvant vous retrouver seul(e), ou ne pouvant accepter de devoir tout recommencer pour vous mettre en couple, vous décider de faire semblant. Faire semblant, c’est en partie se voiler la face et parfois mentir, mais c'est surtout laisser notre inconscient nous jouer des tours.


Se voiler la face, c’est raconter à tout le monde « qu’on va bien, on a prévu de partir en vacances à Bali, on a vu un réel sur insta, on trouve ça fou » ou encore « on a passé un super week-end ». Mais la réalité est tout autre le plus souvent, « on » n’a jamais vu la vidéo sur insta et l’autre a hoché de la tête et a répondu « vas-y » pour Bali, qui est une horrible équivoque "sans moi". Et d’ailleurs il(elle) ne sait même pas ou ne se souvient pas que c’est pour Bali. « On », sont devenus des colocataires qui ne couchent que très peu ensemble voire jamais. Et qui frustré finissent par se lancer des vacheries ou se tromper (là aussi il y a une équivoque). La question la plus aberrante que j'ai pus entendre c'est : « mais pourquoi il fait ça, pourquoi il me trompe ? » (Ou elle)… Aberrante, parce que souvent la réponse est évidente, « vous ne couchez plus ensemble depuis 6 mois, à quoi vous attendiez vous ? ». Le plus souvent c’est parce qu’il y a un manque de « reconnaissance » et d’affection mais aussi d’amour. Peut-être même qu’il n’y a jamais eu d’amour et seulement du semblant (sans-blanc). Le manque de reconnaissance, ici, fait écho au manque de prise en compte, prise en compte qu’il ou elle a fini par trouver dans les bras de Roberto ou d’Alice. Quand vous n’avez pas fait attention, que vous ne cherchiez pas à connaître l’Autre, quand vous avez dit « mais je le connais », « je sais comment il va réagir »… Il ou elle a fini par rencontrer quelqu’un qui le ferait à votre place.




Attention, vous n’êtes qu’à moitié responsables de ce manque de reconnaissance. L’Autre n’a pas fait l’effort d’apprendre à se faire connaître. Lui aussi a sa névrose, son désir, son inconscient. Lui aussi craint d’être seul par exemple… Le « faire semblant » est étroitement relié à l’inconscient, le « faire semblant » va avec ce que nous ne voulions pas nous souvenir. Parce que l’inconscient ce n’est pas vraiment ce que nous ne nous souvenons pas mais plus ce que nous ne voulons pas nous souvenir.


Mentir, là, c’est un autre niveau, un niveau plus ennuyeux à décrire. Les personnes en couples qui mentent sciemment savent ce qu’elles font, nous sommes du côté de la manipulation et souvent du côté de la perversion. Il est compliqué d’aborder le sujet, parce que les gens s’accrocheront beaucoup plus aujourd’hui à cette idée, parce que chacun d’entre nous avons du mal à concevoir la réalité de l’inconscient et donc la différence véritable de l’Autre, dans sa surprise, dans sa complexité, dans sa fragilité, dans son manque. Comme nous souffrons dans les ruptures et que nous voulons être reconnus dans celle-ci, nous faisons de l’autre notre bourreau et sans s’en rendre compte nous l’avons doté de pouvoir mystique grandiose où lui n’aurait aucun manque, aucune faille, aucun inconscient. Ce genre de cas arrive, mais il est plutôt rare en réalité, le monde est plus rempli de névrosé que de pervers ou de psychotique. Enfin, en France…


Voilà maintenant il vous reste plus qu’à apprendre à vous connaître et ensuite à essayer de connaître l’Autre. Et cela passera plus souvent j’espère par un :

« que veux-tu manger »,

« je veux aller au Mac Do veux-tu m’accompagner »,

« Michel a fait les travaux et je l’ai regardé»…

 

 

 

 

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