Décoder la métaphore paternelle 1 : explorer la castration dans la psychanalyse Lacanienne

La psychanalyse lacanienne : une approche du langage et du désir.

C’est une approche de la discipline basée sur une re-lecture et une critique des travaux de

Freud. Elle se concentre sur le langage et le désir, et s'intéresse à la façon dont ces deux éléments façonnent l'identité et la subjectivité humaine.

Cependant le travail de Lacan ne repose pas seulement sur cela, il met au centre de sa réflexion la question de la vérité. Ainsi dans "Les écrits", il en vient même à proposer de la faire parler. Il donne une voix à la vérité, la vérité devient, unique et singulière pour chacun et disqualifie par la même occasion La vérité universelle, ou certitude.

Parmi les concepts les plus importants, on peut citer :

Le stade du miroir : c'est un stade de développement psychosexuel au cours duquel le bébé commence à se reconnaître comme un être distinct des autres.
L'objet a : c'est un objet qui représente le manque ou le désir.
Le signifiant : c'est un élément linguistique qui renvoie à un signifié, c'est-à-dire à une signification.
Le signifié : c'est la signification d'un signifiant.
Le sujet barré : c'est un sujet qui est divisé par le langage.
La métaphore paternelle : c'est un processus par lequel le sujet s'identifie à l'Autre, c'est-à-dire au père symbolique.

L'influence de Lacan sur la psychanalyse est considérable. Il a profondément renouvelé la discipline et il a contribué à son développement. Cependant, son approche est également controversée, car elle est parfois considérée comme trop complexe ou trop abstraite. Lacan ne voulait pas nourrir l’autre, c’est-à-dire qu’il ne voulait pas enseigner bêtement sans que l’on cherche à comprendre par nous-même : « faite comme moi mais ne m’imitez pas ». Cette phrase vous invite à suivre son cheminement de réflexion, en allant chercher à lire et en essayant de décortiquer ce qu’il nous présente.

Pour moi, le « faite comme moi » représente l’idée de lire, lire tous les auteurs dont il parle et qu’il analyse. Lire et analyser par nous-même. Être d’accord ou non, n’est plus l’important. L’important devient de travailler, pour ne pas dire étudier.

Comprendre le concept de castration dans la théorie Lacanienne

La castration est une métaphore qui représente symboliquement le manque. Symbolique parce qu’il est évident qu’aucun parent, d’autant plus, aucun père ne vient couper la bistouquette de son enfant, sinon il y aurait de sacré problème dans le monde. Selon Lacan, c’est un élément essentiel du processus de développement de l'identité (de genre). Elle implique la perte de quelque chose de précieux (voir : le principe de nirvana Freud 1924), ce qui conduit à un désir intense de le retrouver. Ce concept est également associé à la symbolique du phallus (c’est l’instrument du plaisir et de la jouissance et indique le manque). Il soutient que le phallus est un symbole de pouvoir et de complétude, et que la castration représente la perte de ce pouvoir tout-puissant.

Cependant, on ne le répétera jamais suffisamment, elle n'est pas une réalité biologique, mais plutôt une construction symbolique qui joue un rôle central dans la formation du sujet.

Le rôle de la castration dans le développement de l'identité de genre

Selon Lacan mais aussi Freud (et quelques autres), la castration joue donc un rôle crucial dans le développement de l'identité de genre. Il soutient que chaque individu, peu importe leur sexe biologique, doit passer par une phase de castration « symbolique » pour se construire en tant qu'homme ou femme, nous ne pouvons avoir les deux. N’en déplaise à tout une nouvelle génération de personne, qui veulent utiliser les mots en les vidant de leur sens commun. Sens commun qui sert à être en lien avec tout un chacun. Pendant cette phase, l'enfant est confronté à la réalité de la différence des sexes et doit intégrer cette différence dans sa construction identitaire, c’est ce qui permettra l’expression plus tard dans la rencontre du désir sexuel avec l’Autre.

Dolto, proche de Lacan, nous propose cette jolie citation dans son ouvrage de 1984 « l’image inconsciente du corps » :

« Or le mot de castration, en psychanalyse, rend compte du processus qui s’accomplit chez un être humain lorsqu’un autre être humain lui signifie que l’accomplissement de son désir, sous la forme qu’il voudrait lui donner, est interdit par la loi. »

Comme nous l’avons dit plus haut, la castration est donc liée à la formation du complexe d'Œdipe, un concept clé de la psychanalyse. Selon Freud, c’est un ensemble de désirs et de fantasmes inconscients qui se développent chez l'enfant à mesure qu'il prend conscience de sa propre identité (sexuelle). La castration est représentée symboliquement par la peur de perdre l'Amour de l'un des parents, « généralement » le parent du sexe opposé. Cette peur, connue sous le nom d'angoisse de castration, joue un rôle central dans la formation de l'identité (de genre) et dans la structuration de la psyché – tout n’est pas possible – si tu sautes du haut d’un immeuble de 5 étages, la gravité te rappelle à l’ordre en te faisant te fracasser au sol, que tu veuilles être un dragon, ou non binaire ( voir future article pour comprendre la distinction entre le sexe du corps et le sexe dans l'esprit qui n'a aucun rapport)

Explorer la castration symbolique dans la psychanalyse Lacanienne

Il soutient que la castration symbolique est une expérience psychique qui est renvoyée dans les terres de l’inconscient (un vaste continent) et qui façonne la subjectivité et la sexualité de l'individu. C’est donc un processus psychique qui implique la perte d'un objet d'amour idéalisé (une image) et la confrontation avec son/le manque. (Pourquoi dit-on idéalisé, parce que c’est le pourvoyeur, votre dealer. C’est lui qui vous sauve de la mort en vous nourrissant et autres) Lacan :

« Pour tout dire nulle part n’apparaît plus clairement que le désir de l’homme trouve son sens dans le désir de l’autre, non pas tant parce que l’autre détient les clefs de l’objet désiré, que parce que son premier objet est d’être reconnu par l’autre »[1].

A méditer

L'objet d'amour, selon Lacan, se réfère à la façon dont nous investissons émotionnellement les autres dans nos relations amoureuses. Il est intrinsèquement lié au désir, qui est toujours un désir inconscient (et insatisfait ou mort-elle). L'objet d'amour n'est pas une personne réelle, mais plutôt une construction imaginaire ou symbolique que nous projetons sur l'Autre, dans un premier temps le parent et ensuite sur le même modèle, soutenu de la promesse du plustard : les Autres. Cela signifie que nous aimons souvent l'idée que nous avons de quelqu'un, plutôt que la personne réelle elle-même : qui se révèle dans le « je ne te reconnais plus » d'une dispute. L'objet d'amour est donc souvent un « fantasme ou une fantaisie » qui remplit un manque dans notre psyché et nous donne un sentiment d'accomplissement et de complétude. Cependant, cet objet d'amour est toujours insaisissable et illusoire, car il ne pourra jamais pleinement satisfaire notre désir, puisqu'il est un semblant d'objet : l'eau parait bien fade une fois que l'on a decouvert le coca.

En résumé : Pour Lacan, la castration est à la fois une perte et un gain. La perte de l'objet d'amour idéalisé conduit à un manque, mais ce manque crée également un désir’. C'est ce désir qui alimente le processus de jouissance, qui est une expérience de plaisir intense et de satisfaction, mais ça nous le verrons dans un prochain article.

La castration symbolique est donc un concept clé dans la théorie, car elle permet de comprendre les dynamiques de l’avoir dans le manque et la perte. Elle montre comment le manque et la perte sont étroitement liés et comment ils façonnent notre expérience subjective du monde.

Bibliographie

· Dor, J. (2002) « introduction à la lecture de Lacan », DENOEL

· Freud S. (1900), L’interprétation des rêves, Presses Universitaires de France, 1999

· S. Freud, « Au-delà du principe de plaisir » (1920), dans Essais de psychanalyse, Paris, Payot, 1981, p. 104.

· LACAN, J. (1966), « Écrits », Paris, Seuil :

o « Propos sur la causalité psychique » [1946]

o « Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je » [1949]

o « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse » [1953a]

o « La chose freudienne ou le Sens du retour à Freud en psychanalyse » [1955]

o « Subversion du sujet et dialectique du désir dans l’inconscient freudien » [1960]

o « L’instance de la lettre dans l’inconscient » (1957), in Écrits, Paris, Le Seuil, 1966.

· LACAN, J. (19..). Le Séminaire – Livre IV

· LACAN, J. (19). Le séminaire – Livre V : les formations de l’inconscient, Paris, Le Seuil, 2004.

· LACAN, J. (19..). Le Séminaire – Livre VI

· LACAN, J. (19..). Le Séminaire – Livre VII

· LACAN, J. (1979). « Le mythe individuel du névrosé », Revue Ornicar ? n° 17/18, Paris.

· Marin, D. (2019). De la littérature à la lettre de l’inconscient. L'en-je lacanien, 32(1), 37-58. doi:10.3917/enje.032.0037.

· Miller, J.-A. (1966). « La suture (éléments de la logique du signifiant) », Cahiers pour l’analyse, Cercle d’épistémologie de l’École normale supérieure, vol. 1-2, janvier-février et mars-avril 1966.

Philippe, J. (1990) Pour lire Jacques Lacan,Le retour à Freud

[1] Lacan, J. « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse » [1953a], Ecrit, p. 266