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Article 2 : Analyse de Blanche Neige et compréhension des notions de la psychanalyse

  • Photo du rédacteur: pmartinpsy
    pmartinpsy
  • 15 mai 2024
  • 9 min de lecture


La psychanalyse Lacanienne, offre une perspective unique sur la compréhension des formations de l'inconscient. Dans cet article, nous allons explorer l'énigme de Blanche Neige sous le prisme d'un rêve et examiner comment les contes de fées peuvent nous aider à nous comprendre.

Les contes de fées sont bien plus que de simples histoires pour enfants. Ils sont selon moi, une fenêtre sur l'inconscient (collectif) et l’on peut penser qu'ils révèlent nos désirs les plus inavoués. Ils permettent de donner une forme et une logique à nos fantasmes.


Parmi les contes de fées les plus célèbres, Blanche Neige occupe une place particulière. C’est le conte qui regroupe le mieux, quelque chose de la réalité du passage du monde de l’enfance à celui de l’adulte.


Rappel de l'histoire

C’est l’histoire d’une jeune princesse « victime » d'une « marâtre jalouse », qui a pour désir d’être à jamais la plus belle. Chaque matin elle demande à son miroir qui est la plus belle, et au matin de l’anniversaire des 16 ans de Blanche Neige, il lui répond que c’est cette dernière qui est devenue la plus belle du royaume. La « méchante reine » devient folle et exhorte le chasseur de tuer sa « belle-fille ». Il refuse et la laisse s’enfuir dans la forêt. Elle atterrit par chance chez les 7 nains, qui lui proposent une vie de labeur et où beauté et séduction n’ont pas de place. La « méchante reine » découvre la supercherie et décide par trois fois d’essayer de tuer BN, un peigne, un corset et une pomme tueuse. La jeune fille par trois fois lui ouvre la porte et est à deux doigts de la mort. Sauvés par les nains 2 fois, la troisième qui est la plus connue, ils ne peuvent rien faire pour elle. Le morceau de pomme lui reste en travers de la gorge, Blanche Neige est plongée dans le sommeil. C’est un prince par un baisé qui la dégèle… Enfin là ça dépend des versions…


Ce conte est donc riche en symboles et en significations. En utilisant les outils de la psychanalyse et de l'analyse des rêves, nous pouvons plonger dans les abysses de cette histoire et essayer de découvrir les formations de l’inconscient qui s'y cachent.

 

Le stade du miroir et Blanche Neige


L'un des aspects les plus intrigants de Blanche Neige est le rôle du miroir dans l'histoire. Dans la psychanalyse Lacanienne, le stade du miroir représente le moment où le sujet se constitue en se reconnaissant dans un autre.


Petit détour théorique

Il faut poser la distinction ici :

  • Le petit autre se réfère à l'autre imaginaire, celui que nous percevons à travers nos sens et nos interactions quotidiennes. Il s'agit de l'autre en tant qu'image, rival, ou semblable, avec qui nous entretenons des relations de rivalité, d'identification, ou d'agressivité.

  • Le Grand Autre, en revanche, représente l'ordre symbolique, le système de langage et de culture, qui structure notre réalité. Il s'agit d'une instance transcendante, absente et inaccessible, qui détermine les règles et les normes qui nous régissent. Le Grand Autre est le lieu de la Loi du langage, de l'Autre absolu.


Pour illustrer la distinction entre le petit autre et le Grand Autre, considérons l'exemple d'un enfant en bas âge. L'enfant perçoit d'abord sa mère comme un petit autre, une image maternelle idéalisée qui lui procure amour et satisfaction. La mère, dans un premier temps, représente pour lui un objet de jouissance absolue, incarnant « l'amour inconditionnel » ou la satisfaction des besoins. Cette relation fusionnelle est marquée par l'imaginaire et la toute-puissance de la volonté de l'enfant. Il pleure, elle accoure pour le nourrir, c'est un échange presque hors du langage.

Cependant, au fur et à mesure que l'enfant se développe et qu'il entre dans le langage, il commence à saisir l'existence d’un Grand Autre. Et cela par l’entremise d’un tiers qui vient séparer l’enfant de sa relation duel d’avec la mère, dans la logique c’est le rôle du père. Le père devient alors l'incarnation métaphorique de la Loi et de l'interdit. Représentant les règles et les normes sociales que l'enfant doit apprendre à respecter. C'est par ce processus que l'enfant devient un sujet désirant, capable de s'inscrire dans le monde social et de symboliser son désir ex : le pleure devient "j'ai faim" et ensuite "je vous du pain" (enfin je voudrais).


Revenons en à notre miroir

Le stade du miroir, concept central de la théorie Lacanienne, est étroitement lié à la dialectique du petit autre et du Grand Autre. Cette phase cruciale du développement psychique, qui se situe entre 6 et 18 mois chez l'enfant, marque l'émergence du Moi et de la conscience de soi.

Au cours du stade du miroir, l'enfant se reconnaît dans son image reflétée dans un miroir. Cette reconnaissance n'est pas simplement une identification visuelle, mais une véritable structuration psychique. Il perçoit son image comme un tout unifié et distinct de son environnement, donc du parent qui le tient dans les bras (souvent en premier la mère), ce qui lui permet d'assumer son existence en tant que sujet. Cependant, cette reconnaissance est également marquée par une aliénation. L'image spéculaire représente une idéalisation du Moi, une forme parfaite et complète qui contraste avec la réalité morcelée et imparfaite du corps de l'enfant à cet âge. Cette aliénation à l'image du miroir est à la base du narcissisme et de la quête de l'idéal du Moi (les fanatiques d’Instagram et du miroir à la salle de sport).


Le lien entre le stade du miroir et la dialectique du petit autre et du Grand Autre se situe à plusieurs niveaux :

  • Le petit autre : le reflet sera lui, cela veut dire que l'image dans le miroir est d'abord perçue comme un petit autre, un semblable à qui l'enfant s'identifie. Cette identification est nécessaire à la constitution du Moi, car elle permet à l'enfant de se différencier de la mère et de commencer à assumer son identité propre.

  • Le Grand Autre : Le Grand Autre est présent dans le stade du miroir sous la forme du regard de l'Autre (généralement celui de la mère). Ce regard est crucial pour la reconnaissance de l'enfant, car il valide son existence et lui permettra de s'inscrire plus tard dans l'ordre symbolique. il y a 2 personnes, quand je me regarde, je me vois et quand je regarde l'autre visage en me retournant, je le vois lui mais plus moi. Donc l'autre corps/visage par déduction c'est bien moi.

  • La dialectique : La reconnaissance de soi dans le miroir est donc médiatisée par le regard de l'Autre. L'enfant se constitue comme sujet à travers une dialectique entre le petit autre (l'image spéculaire) et le Grand Autre (le regard de l'Autre, appuyé par sa parole : "là c'est toi et là c'est maman"). Cette dialectique est à la base de la formation du Moi, du désir et de la subjectivation.


En résumé, le stade du miroir illustre la complexité des relations entre le sujet, le petit autre et le Grand Autre. Cette phase cruciale du développement psychique pose les bases de la constitution du Moi, du désir et de la subjectivation, tout en mettant en lumière les tensions et les aliénations.

Il est important de noter que l'interprétation du stade du miroir et de la dialectique du petit autre et du Grand Autre a fait l'objet de nombreuses analyses et débats au sein de la psychanalyse Lacanienne. La lecture proposée ici n'est qu'une introduction sommaire à ces concepts complexes.


Voici quelques points clés supplémentaires à retenir sur le stade du miroir :

  • Il ne se produit pas de la même manière pour tous les enfants. Il peut être influencé par des facteurs tels que la culture, l'environnement familial et les expériences personnelles de l'enfant.

  • Il n'est pas toujours une expérience positive. Certains enfants peuvent vivre de l'angoisse ou de la confusion lorsqu'ils se confrontent à leur image dans le miroir.

  • Le stade du miroir n'est pas la fin du développement du "moi". Il s'agit plutôt d'une étape importante dans un processus continu.


Revenons-en à Blanche Neige

Le conte de Blanche-Neige peut être considéré comme un rêve, nous permettant ici de lire les formations de l'inconscient, car il présente une structure similaire, soit celle du langage (rappel, nous avons accès au rêve ou au conte seulement parce qu'ils nous sont racontés).


Remettons un peu de contexte, en effet, le conte commence par une situation de conflit, qui est la jalousie de la marâtre envers sa belle-fille. Celui-ci conduit à la tentative de "meurtre" de Blanche-Neige, qui est une scène centrale du conte/rêve. Cette scène est similaire à la scène d'un rêve ou d'un cauchemar, qui est souvent le lieu de la manifestation des désirs inconscients du sujet. Ici, la marâtre serait une transformation de Blanche Neige de sa propre mère qu'elle ne peut directement attaquer. Si c'est bien un rêve alors, ce qui vient de blanche neige, n'est autre que son conflit oedipien. Elle voudrait que son père la désir elle comme plus belle que sa propre mère et elle imagine que cela provoque la folie de sa mère. Mais comment en vient on là ?


Le miroir

Dans le cas de Blanche Neige, le miroir est un objet qui reflète non pas l’image mais l’imaginaire de celui qui regarde dedans.

Dans un premier temps il répond à une question sous les traits d’un homme (condensation de l'image du père, qui reflète le désir de l'autre par la parole) :

  • la méchante reine « suis-je la plus belle »

  • le miroir « oui ma reine vous êtes la plus belle d’entre toutes ».

Cet échange symboliserait donc le désir inconscient de Blanche Neige, où Le miroir devient "la chose", l'objet qui échappe à toute symbolisation et qui incarne les désirs : le regard du père. Jusqu’au jour tragique, où le miroir répond autre chose que ce qu'il aurait du dire. Il répond que ce n’est plus la belle mère mais Blanche Neige qui est la plus belle à ses yeux.


Par l'entremise du discours du miroir, blanche devient la porteuse de la beauté et d'être celle qui est désiré ou désirable et du même coup source de jalousie pour la marâtre vieillissante. Blanche Neige ici, comme dit, ne peut reconnaitre la rivalité qu'elle éprouve à l'égard de sa mère, et donc par déplacement mécanisme de défense des rêve, elle projette son agressivité sur un nouveau signifiant qui est : la marâtre. Ce qui fait que ce n'est plus elle qui est jalouse mais la marâtre. Ce qui revient aussi à dire, que ce n'est plus elle qui désir mais l'autre. Le miroir, en reflétant l'image de Blanche Neige, renvoie la marâtre à sa propre image vieillissante et à la perte de ce qu'elle gagnait a être La plus belle, le royaume et l'amour du roi. Cette confrontation susciterait donc en elle une jalousie folle et un désir ardent de retrouver "soi-disant" sa jeunesse perdue.



Le miroir devient alors un l'objet ambivalent, à la fois source de fascination et de menace. Il représente la jeunesse qui deviendra inaccessible, mais aussi l'agressivité de celui qui se voit dedans.

Il devient ainsi un écran de projection des désirs inconscients, un lieu où l'on peut fantasmer sur une réalité alternative.


L'idée que le miroir représente "la chose", l'objet qui échappe à toute symbolisation, est particulièrement intéressante selon moi. Parce qu'en effet, l'histoire nous laisse à penser que, le désir de la marâtre est par nature insatiable et ne pourra jamais être pleinement satisfait. Il devient alors le symbole de ce manque, de cette perte que le sujet ne pourra jamais combler. Il y aura toujours un espace entre l'image qui se reflette dans le miroir et qui nous sommes. De même qu'il y aura toujours un espace entre le regard de l'Autre sur nous et qui nous sommes, il y aura toujours un espace entre ce que l'on pense de nous et qui nous sommes en réalité. Cette métaphore nous permet de voir comment les forces inconscientes peuvent influencer les comportements humains et comment la non-reconnaissance de notre désir peut conduire parfois à la destruction.


Il est important de noter que cette interprétation n'est qu'une des nombreuses façons de lire ce conte. La richesse du conte réside justement dans sa polysémie et dans la possibilité de l'interpréter de différentes manières.

 

Le miroir et la dialectique du Grand Autre et du petit autre

Dans le conte de Blanche-Neige, le miroir est un objet symbolique qui représente l'image de soi. B-N est confrontée à son image dans le miroir à plusieurs reprises, par l’entremise de sa marâtre (rappelez-vous c’est le rêve de BN). La première fois, La marâtre est fascinée par sa beauté. La seconde, elle est horrifiée par sa laideur quand elle se transforme en sorcière.

La première fois, elle serait en phase d'identification à l'image de soi, elle est en admiration devant sa beauté, lui permettant d'être ce qui est désiré. Cette admiration serait liée à son désir d'être aimée et désirée. La seconde serait en phase de désidentification à l'image de soi. Elle est horrifiée par sa laideur. Cette horreur est liée à sa peur de la mort et de la castration. C’est ce qui reflète son processus de développement identitaire. La marâtre est une représentation inconsciente de la dualité de Blanche-Neige. Elle projette sur sa belle belle-mère cette dualité qu’elle ne peut reconnaitre en elle, soit son désir de reconnaissance et son agressivité.


Mais nous reviendrons la dessus pour de plus ample explication...

 

 

 

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